La normalité n’existe pas
Aurélien Gard a obtenu le Prix HES-SO 2022 de la meilleure maturité
professionnelle du canton de Genève.
Au terme de son adolescence, Aurélien Gard, familier des jobs d’été d’animateur de colonies de vacances, se retrouve en galère. Collège, école de culture générale, plusieurs places d’apprentissage potentielles en mécanique vélo ou en ébénisterie… il ne s’y retrouve pas. «Des amis m’ont soutenu et maintenu la tête hors de l’eau malgré un important passage à vide. Et j’ai finalement trouvé un travail de livreur qui a stabilisé ma situation ainsi que mes liens familiaux», confie-t-il.
Alors qu’il opte pour le service civil, il entend parler de l’apprentissage d’assistant socio-éducatif (ASE). Il trouve des affectations longues dans des institutions sociales et finalise en deux ans (vu son expérience professionnelle suffisante dans le domaine) son apprentissage raccourci d’ASE dans une institution pour adultes polyhandicapés, parfois atteints des troubles du spectre de l’autisme. «En travaillant avec des personnes polyhandicapées, on relativise ses propres galères, on regarde devant et on avance! Ces gens n’ont pas toujours la chance ni la capacité de le faire. J’ai aussi vécu des situations incroyables qui ont complètement transformé ma vision des codes et de la normalité. Dans ce milieu, la création de projets d’accompagnement devient à chaque fois un défi que je pourrai plus tard transposer, par exemple avec des adolescents en difficulté.
La maturité professionnelle pendant le cursus CFC n’étant pas possible en formation raccourcie, il retourne sur les bancs d’école durant une année complète. Une contrainte certes, mais qui décuple sa motivation. «Me remettre aux études à plein temps n’a pas forcément convenu à mon équilibre personnel. Alors autant réussir avec brio.» Objectif atteint pour Aurélien: il obtient le Prix HES-SO 2022 de la meilleure maturité professionnelle du canton. Le sport de compétition en voile au CER de Versoix et la montée musicale de son groupe de reggae High Frequency lui forgent ce caractère de compétiteur: «Mes concerts publics, la recherche de sponsors et de performance dans le sport me procurent cette énergie. Et des rêves, comme la course au large en solitaire.» En attendant de les réaliser, il débutera son bachelor en travail social à l’automne.
SISP/ES/30.09.2022
