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Qualiticien en microtechnique, un nouveau CFC à la pointe

Acteur et interlocuteur incontournable du secteur manufacturier, son activité demeure mystérieuse. Lever de voile.

Industries horlogère, pharmaceutique, aéronautique, automobile, agroalimentaire, elle est une composante indispensable dans la bienfacture de tous les produits. En Suisse, elle est structurelle et ancrée dans la culture. Il s’agit de la qualité. Ces vingt dernières années, des départements qualité ont essaimé partout dans l’industrie, en charge de garantir la fabrication efficiente de biens satisfaisants et leur traçabilité. Ces services s’assurent donc que les produits sont conformes aux normes, et pas seulement. Que ce soit pour les smartphones, les jouets ou encore les vaccins, le consommateur souhaite que le produit soit le même pour tous et s’attend à ce que la qualité ne soit pas un luxe, même si on l’associe justement souvent au secteur du luxe.
Dans cette optique, une formation professionnelle initiale de qualiticien en microtechnique a été lancée en 2020 par la Convention patronale de l’industrie horlogère, avec les centres de formation professionnelle et les entreprises. Désormais, un jeune peut effectuer un CFC en quatre ans et découvrir bien des aspects de la qualité. Éclairage avec Damien Fuin, responsable de la formation des apprentis qualiticiens en microtechnique à Rolex.

Pourquoi un tel CFC?
Avant la création de cet apprentissage, seules les voies de formation supérieure permettaient d’accéder à ces compétences qualité. Le CFC complète ces dispositifs et se révèle être une porte d’entrée aux études
supérieures dans le domaine.

Comment s’articule la formation?
La première année est commune aux filières de micromécanicien et dessinateur en construction microtechnique. Les jeunes découvrent les différents univers professionnels. L’occasion de se familiariser
avec l’usinage de pièces qu’ils contrôleront et de comprendre les difficultés inhérentes au métier. Pour le reste du cursus, les jeunes sont immergés en entreprise. Sont abordés les aspects du contrôle qualité: les moyens et gammes de contrôle (maîtrise des outils de contrôle, échantillonnage, statistique). Pour illustrer la démarche d’échantillonnage, imaginons une boîte d’allumettes que nous souhaitons contrôler: nous ne
les allumons pas toutes, nous en prenons quelques-unes pour voir si la combustion se fait bien. Un autre axe important concerne la mesure sensorielle, en l’occurrence, les notions de robustesse et de jugement esthétique. Autre activité incontournable, la correction des dérives par l’analyse de mode des défaillances, des résultats et les corrections. Encore un axe majeur, la prévention: il s’agit d’apprendre à réaliser un audit, un plan d’amélioration et à gérer un projet. Pour résumer, toutes les compétences utiles pour faire en sorte qu’un défaut n’ait jamais lieu ou l’art d’optimiser, de reprendre ce qui a bien fonctionné et d’éliminer les tâches qui n’ont pas de valeur ajoutée.

On confond souvent contrôle et qualité. Quelles sont leurs différences?
Si le contrôle est le fer de lance del’activité du qualiticien, il n’est que la partie émergée de l’iceberg. Il
s’appuie sur des actions rétrospectives et consiste à s’assurer par la mesure qu’un produit est conforme à certaines spécificités. La démarche qualité subodore, quant à elle, d’anticiper, de répondre aux attentes du marché, de structurer l’organisation pour réduire les défauts et les coûts inhérents à la fabrication. Le but ultime étant de développer les savoir-faire et de rester performant, avec l’idée de faire bon du premier coup. Les concepts de l’assurance qualité sont transverses, du service R&D au SAV. Un bel avenir pour les qualiticiens en microtechnique.

Le goût de la logique, de la précision et de la minutie

Du haut de ses 17 ans, Lucas Reymond a l’horlogerie dans la peau. Originaire de la vallée de Joux, il découvre cet univers par des stages ponctuels dans diverses entreprises et assiste à des portes ouvertes de l’École technique vaudoise. C’est à cette occasion qu’il opte pour un apprentissage de qualiticien en
microtechnique chez Jaeger-Le-Coultre. À ceux qui l’interrogent sur les qualités requises dans sa profession, il rétorque que «si on aime les choses logiques, précises et minutieuses, si on aime échanger et communiquer, le métier est taillé pour vous».

SISP/17.1.2022/LJ

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