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Le Prix de l’artisanat 2022 remis aux stars suisses de films d’animation

Claude Luyet et Georges Schwizgebel sont récompensés pour leur longue carrière consacrée à une production très artisanale.

Leurs films d’animation ont été présentés à Cannes, Zagreb, Hiroshima, Tokyo ou Montréal. Georges Schwizgebel a décroché plusieurs Prix du cinéma suisse («La jeune fille et les nuages» en 2002, «Erlkönig» en 2016, «Le journal de Darwin» en 2021, et le Prix d’honneur en 2018 pour l’ensemble de sa carrière) et un Cristal d’honneur du Festival d’Annecy en 2017. Claude Luyet, lui, a obtenu le Prix Pulcinella du meilleur court-métrage à Turin («Le fil d’Ariane» en 2016), pour n’en citer qu’un. Or, de tous les prix prestigieux reçus au cours de leur influente carrière, c’est bien le Prix de l’artisanat de Genève dont ils sont le plus fiers. «Recevoir ce prix genevois, c’est reconnaître notre oeuvre localement, confie le cinéaste Claude Luyet. De surcroît, il montre que notre travail est tout autant celui d’un artisan que d’un artiste.»


Issus du domaine du graphisme, les deux amis de toujours privilégient en effet les films «faits à la main». Nichés au 13e étage d’une tour à Carouge (GE), dans leur Studio GDS, ils esquissent d’abord les dessins d’un scénario bien ficelé sur des feuilles de papier. Suivra la technique propre à chacun, qui définira sa personnalité spécifique.


Faire danser la peinture


Georges Schwizgebel saisit son pinceau pour reproduire ses esquisses à la peinture acrylique ou au pastel sur des feuilles d’acétates. «Du celluloïd, précise-t-il. J’ai gardé cette méthode qui date un peu, c’est vrai», plaisante la figure emblématique du cinéma d’animation. La méthode lui permet, notamment, de travailler ce qui le passionne tant dans les films animés: le mouvement dans l’espace et les métamorphoses. Et c’est alors que les nuages se transforment en colombes, que les perspectives se biaisent sous l’oeil émerveillé des spectateurs. Lesquels décèlent une peinture de Vermeer ou de Velázquez par-ci, de Matisse ou de Vallotton par-là. Des courts-métrages sans paroles, car une image vaut mieux que mille mots. Mais où la musique, «classique plutôt que composée», tient une place prépondérante.


Mixer les styles


Claude Luyet, c’est vers l’ordinateur qu’il se tourne une fois ses croquis achevés. «J’affine mes dessins par ordinateur et j’y ajoute des séquences filmées ou des photos. J’aime jouer avec ces différents médias dans mes courts métrages.» Le résultat est ici aussi étonnant. Le mélange des styles plonge les spectateurs dans un imbroglio de décors en tissus, en gouache ou illustrés. Lui qui n’avait pas prévu de faire de l’animation son métier en manie tous les aspects avec brio. Comme pour Georges Schwizgebel, son activité tient aussi bien de l’auteur, du dessinateur et du réalisateur que du producteur. En autodidacte, bien sûr. «À l’époque, il n’y avait pas d’écoles d’animation en Suisse, et très peu à l’étranger.»

Pour un court-métrage de trois minutes, compter cinq mois pour la recherche de fond, un mois pour les croquis, une année pour la retranscription sur celluloïd (un peu moins par ordinateur), un mois pour la post -production et trois pour la composition musicale! Soit deux ans de labeur lorsque l’on intervient sur toute la chaîne de production d’un court-métrage. «Un luxe que ne peuvent plus se payer les jeunes
d’aujourd’hui», se désolent les deux acolytes qui ont eu la chance de produire des films à leur rythme et loin des contraintes commerciales. «Aujourd’hui, c’est bien différent. Et encourageant: les jeunes créateurs apprennent et se spécialisent dans des écoles de qualité. Si notre technique «fait main» est en voie de disparition, il n’empêche que de belles perles de jeunes artistes émergent désormais dans chaque discipline et dans chaque étape de la production d’un film», assure Georges Schwizgebel.

Le Prix de l’artisanat de Genève


Créé en 1991 pour valoriser la richesse et la diversité de l’artisanat genevois, le Prix de l’artisanat est décerné par l’Association des communes genevoises (ACG). Suivant un processus de sélection rigoureux, le jury, composé d’artisans, de représentants de l’OFPC, de la Banque Cantonale de Genève, de l’État et de la Ville de Genève, désigne l’artisan qui excelle dans sa profession et jouit de la reconnaissance de ses pairs.

SISP/LE/6.10.2022

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