Aller au contenu

Construire son avenir, brique par brique

Seyoum Berhe, apprenti maçon, et son formateur, Romain Gregoris, racontent l’histoire d’une passion pour le métier. (Copyright Laurent Guiraud)

Dès le début, nous avons senti que ce gamin voulait s’en sortir. » À 17 ans, Seyoum Berhe arrive seul en Suisse, après un parcours migratoire complexe et dangereux depuis l’Érythrée. Marqué par le souvenir de son père maçon, et aidé par les enseignants du Centre de formation préprofessionnelle (CFPP) de Genève, il réalise un stage dans l’entreprise de maçonnerie René Mathez, à Chêne-Bougeries. «Le courant est tout de suite passé. Seyoum ne parlait pas bien le français, mais il était motivé et désireux d’apprendre. Nous n’avons pas hésité», assure Romain Gregoris, contremaître dans cette entreprise engagée.


Le jeune homme débute alors, en cours d’année, un préapprentissage d’intégration. «C’était bien différent de construire la maison familiale avec mon père», sourit-il en repensant à ses débuts sur les chantiers. Encouragé par ses formateurs, il entame une formation de maçon AFP. «Je me suis senti prêt pour la formation de deux ans, mais pas pour le CFC, plus long et exigeant. Ayant arrêté l’école à 12 ans, j’avais beaucoup de lacunes.» Déterminé, Seyoum Berhe termine son AFP avec brio. Il poursuit maintenant sa deuxième année de CFC, bien intégré dans son équipe.

Un savoir-faire essentiel

Sur le chantier des Petites Fontaines, Seyoum Berhe applique ce qu’il a appris en cours. Il participe à la construction de fondations d’immeubles. Pose de briques, application de mortier. Le maçon, AFP ou CFC, est responsable des tâches structurantes du chantier. Préparation des sols, montage des murs, réalisation des coffrages et pose des isolations. «À la fin de sa formation AFP, Seyoum avait acquis les connaissances pratiques et théoriques d’un aide-maçon. Il était capable de préparer les matériaux et effectuait des travaux sous supervision. En apprentissage de maçon CFC, il acquiert des compétences plus poussées, comme la lecture de plans et la gestion d’un chantier», explique Romain Gregoris.


Main-d’oeuvre recherchée


Le métier de maçon connaît une forte demande de main-d’oeuvre qualifiée, dans le contexte actuel où les besoins en infrastructures ne cessent d’augmenter. Gilles Mayer, conseiller en formation responsable de la branche à l’Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue (OFPC) de Genève, confirme: «Il y a beaucoup de places d’apprentissage disponibles. L’apprentissage de maçon est moins
exigeant que d’autres sur le plan scolaire. Ce qui en fait une option intéressante pour les personnes migrantes ou celles qui n’ont pas suivi un cursus scolaire classique.»
Malgré cette demande, l’AFP peine à recruter, comme le remarque Christine Dussud, directrice adjointe de l’Institut de formation de la construction (IFC): «Cette année, nous ne disposons d’aucun effectif en première année. Les jeunes préfèrent souvent se tourner vers le CFC, en partie à cause de la différence de salaire. Afin de s’assurer que les candidats ont le niveau requis, les entreprises formatrices doivent les évaluer avant l’entrée en apprentissage pour ne pas les pénaliser dans la voie d’un CFC. Une meilleure orientation des candidats à l’apprentissage permet d’éviter les ruptures de contrats ou les échecs aux examens.»


Évoluer dans son métier


On ne le réalise pas assez: le métier de maçon offre de nombreuses opportunités d’évolution. Après une
formation AFP, il est possible de passer à un CFC, puis d’évoluer vers des postes à responsabilités comme chef d’équipe ou contremaître. Romain Gregoris, le formateur de Seyoum Berhe, espère l’embaucher à la fin de sa formation. «Seyoum a démontré son potentiel. Il envisage une formation de chef d’équipe et je le soutiens pleinement dans cette démarche.»

L’AFP, le premier pas


L’AFP (attestation fédérale de formation professionnelle) est une voie d’apprentissage destinée aux personnes n’ayant pas le niveau requis pour accéder au CFC (certificat fédéral de capacité). Elle est conçue pour offrir des compétences professionnelles de base. La formation pratique s’effectue en entreprise. La théorie se déroule en école professionnelle, à raison d’une journée par semaine. Les élèves bénéficient d’un encadrement adapté. La formation dure deux ans. Elle est une passerelle vers le CFC. L’AFP est un titre reconnu par la Confédération.


Plus d’information: Le Centre de formation professionnelle Construction (CFPC) de Genève ouvrira ses portes au public le samedi 23 novembre sur le site de Ternier.

www.orientation.ch

SISP/LE/8.11.2024

Votre avis nous intéresse !
Partager cet article

Préapprentissage d'intégration 2025-2026: les candidatures sont ouvertes!

Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 18 avril 2025.