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Des étudiants et des apprentis vont rajeunir le Jet d’eau de Genève

Une HES et un centre de formation professionnelle collaborent avec les SIG pour sauvegarder son panache et le mettre à l’heure du XXIe siècle. (Copyright: HEPIA-GENEVE)

«L’installation d’un nouveau mécanisme de buse couronne plus de dix ans de travail. Depuis 2014, nous œuvrons au développement d’un nouveau système de propulsion hydraulique de notre emblème genevois, une mission passionnante et un challenge au vu des contraintes physiques», s’enthousiasme Patrick Haas, un des instigateurs du projet, professeur d’aérodynamique à la Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture (Hepia) de Genève.

Il s’agit en effet de garder la hauteur et la couleur blanche du Jet d’eau de Genève tout en baissant la consommation électrique équivalant à celle de 1000 ménages par an.

Ce constat établi, les Services industriels de Genève (SIG) passent le témoin aux étudiants de l’Hepia qui phosphorent pour développer un nouveau prototype. Entre 2019 et 2024 sont réalisées des simulations basées sur les principes de la mécanique des fluides. Pour tester les prototypes, ils mettent d’abord en place un banc d’essai à échelle réduite avec un jet de 30 mètres, avant un test grandeur nature sur le quai Gustave-Ador. Des frissons, un peu d’appréhension et un succès à la clé: le Jet d’eau atteint les 140 mètres de rigueur.

Du concept à la fabrication

C’est désormais au tour des apprentis plein-temps de l’École de mécatronique industrielle de faire preuve d’ingéniosité pour fabriquer la nouvelle buse. «Depuis mars, les futurs polymécaniciens testent les matériaux et méthodes d’usinage, corrigent leurs actions, déploient des trésors de créativité pour construire le mécanisme», précise Mathias Widmer, enseignant au Centre de formation professionnelle technique (CFPT).

Axel Muller, en 4e année de polymécanique, poursuit: «Grâce à l’impression 3D du système, nous pouvons immédiatement appréhender le mécanisme, les formes et les volumes des pièces, ce qui nous fait gagner du temps. Ce projet nous permet déjà de mettre un pied dans l’ingénierie.»

Se confronter à un travail en conditions réelles est en effet une plus-value. «Les polymécaniciens ont reçu les plans des ingénieurs, ils savent où aller, mais c’est à eux de trouver le chemin pour usiner les pièces en fonction de contraintes comme le serrage ou la déformation des métaux», remarque Damien Tercier, enseignant des techniques d’usinage au CFPT.

Une collaboration active

En parallèle, les automaticiens planchent sur le système motorisé du mécanisme qui permettra d’alterner entre la buse traditionnelle, s’il y a du vent, et la nouvelle qui permet de fortes économies d’énergie les jours de météo clémente.

Olivier Falquet, directeur de l’École de mécatronique industrielle, conclut: «C’est un vrai travail collaboratif: actuellement, enseignants et élèves réfléchissent à associer différents couples de matières pour éviter le frottement entre les pièces et ainsi réduire l’usure afin d’augmenter leur durée de vie. Nous sommes reconnaissants aux SIG, par ailleurs entreprise formatrice pour une vingtaine de métiers, d’offrir la possibilité aux élèves du CFPT de travailler sur un projet d’une telle envergure.»

«Ils ont tous démontré une motivation sans faille»

Trois questions à Patrick Haas, professeur à l’Hepia.

Pourquoi travailler sur un projet comme celui de la buse du Jet d’eau de Genève?

C’est un sujet motivant aux multiples qualités pédagogiques: le comportement d’un tel jet d’eau fait intervenir une kyrielle de phénomènes physiques. De nombreux étudiants ont été impliqués: six travaux de bachelor et quatre thèses de master ont été consacrés à ce sujet, et un travail pratique a été réalisé par environ 200 étudiants de 1re année de génie mécanique.

Quelles compétences ont-ils développées?

Ils ont enrichi leurs compétences de simulation, de mesure, de construction et ont perfectionné leur organisation et méthodologie de travail. Ils ont également collaboré avec de vrais clients comme les SIG et des partenaires du centre de la Protection civile de Bernex et du CFPT.

Quid de la collaboration entre l’Hepia et le CFPT?

Cultiver des relations étroites avec le CFPT est très important. Les apprentis et les jeunes en maturité professionnelle technique sont les étudiants Hepia de demain. Ils ont tous démontré une motivation sans faille et peuvent être fiers du travail accompli. Un tel projet a permis aux futurs ingénieurs de mieux appréhender la pratique professionnelle des divers corps de métiers comme les polymécaniciens dans les ateliers d’usinage, les techniciens ou les dessinateurs-constructeurs dans les bureaux d’études.

Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue (OFPC) Genève

SISP/LJ/18.09.2025

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