Focus sur des professionnels qui exercent leurs activités aux côtés de celles et ceux qui vivent des moments charnières de leurs vies.
(copyright: Ville de Genève_Cimetière)
Œuvrer dans les métiers autour de la mort peut sembler tabou pour le commun des mortels. Loin de l’univers commercial d’Halloween ou de celui de la série «Six Feet Under», les professionnels du domaine ne vendent pas seulement des pierres tombales. Contrairement à la chanson d’Alexis HK «La fille du fossoyeur», ils ne tiennent pas non plus forcément une entreprise familiale de pompes funèbres, transmise de génération en génération. Pour autant, leur travail consiste bien à «organiser des funérailles dignes pour le défunt et ses proches, dans le respect de ses croyances et des rituels de sa communauté d’origine», souligne Anne Humbert-Droz, cheffe du Service des pompes funèbres, cimetières et crématoire (SPF) de la Ville de Genève.
À la croisée des sphères du social, du commerce, des soins ou encore de l’événementiel, les activités des conseillers et agents funéraires requièrent un savoir-être indéniable et une polyvalence qui ne laisserait personne de marbre. À Genève, quand quelqu’un annonce un décès, il est mis en contact avec une collaboratrice de l’accueil du SPF qui planifie une rencontre avec un conseiller funéraire pour orchestrer la sépulture et organise la levée du corps du défunt, effectuée par des agents funéraires. «Ces métiers sont complémentaires car ils ne mobilisent pas les mêmes qualités professionnelles», remarque Anne Humbert-Droz.
Le plus tôt possible, les proches de la personne disparue entreprennent un chapelet de démarches. Ils sont accompagnés par un conseiller funéraire qui coordonne tous les aspects dans les moindres détails: choisir la date et le type de sépulture, réserver un lieu pour la cérémonie, établir un premier contact avec un célébrant en funérailles.
«Le conseiller funéraire a un rôle clé dans l’organisation des obsèques, poursuit Anne Humbert-Droz. En deux heures, il prodigue des conseils adaptés aux proches du défunt, les aide à se positionner avec tact et respect.» Le métier ne s’improvise pas. «Nous recrutons des personnes qui ont en général un bachelor en sciences humaines, maîtrisent au moins une langue étrangère, savent mener des entretiens et possèdent un bon esprit de synthèse. Après quelques années d’expérience au SPF, elles suivent l’ensemble des cours du brevet fédéral d’entrepreneur de pompes funèbres et passent ce diplôme supérieur», explique celle qui chapeaute une cinquantaine de collaborateurs.
L’une d’elles, Esther Janssen, conseillère funéraire, complète: «Mon travail est humainement riche. Au-delà du cœur de mes activités, j’organise des séances d’information auprès des aînés dans les maisons de quartier afin de les sensibiliser à l’importance de préciser leurs dernières volontés au crépuscule de leurs vies.»
En parallèle de l’organisation des obsèques, les proches ont affaire aux agents funéraires qui les accompagnent dans ces moments délicats où la vie a basculé. «Ils travaillent en équipe et leur quotidien est tout sauf routinier. Titulaires d’un CFC, ils possèdent une excellente condition physique, une adaptabilité et un sens de la discrétion sans faille, relève Anne Humbert-Droz. Ils accueillent notamment la dépouille, prodiguent les derniers soins dans le respect de la paix des défunts, s’occupent de l’habillement et de la mise en bière. Ces gestes si particuliers sont enseignés, notamment, dans le cadre du certificat de l’Association suisse des services funéraires, un prérequis pour accéder aux modules du brevet fédéral.»
Le jour des obsèques, l’agent funéraire revêt ses habits de maître de cérémonie, fixe les derniers détails de l’hommage avec la famille et se coordonne avec le célébrant pour donner les indications sur le cortège, opéré par des collègues. Frédéric Bard, agent funéraire adjoint aux chambres funéraires et maître de cérémonie, conclut: «La majorité de notre activité, c’est la relation humaine».
Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue (OFPC).
Trois questions à Claire Rolfo, célébrante en funérailles.
En quoi consiste votre activité professionnelle?
Concevoir des cérémonies pour les personnes décédées, dans le respect de leurs croyances personnelles et en dehors de tout cadre religieux définit bien mon activité, dont le dessein est de donner du sens à l’ultime étape de la vie. J’accompagne les familles endeuillées, les rencontre afin d’organiser avec elles le déroulement de la cérémonie. Je recueille leurs témoignages pour créer un hommage personnalisé et mettre en lumière leur défunt en célébrant son vécu. Je m’occupe ensuite de la mise en forme de la cérémonie en rédigeant les textes, puis j’officie pendant la célébration.
Quelle formation suivre pour exercer comme telle?
Il en existe plusieurs: j’ai suivi la formation de célébrante laïque en funérailles dispensée par Sandra Widmer Joly, cofondatrice de Ceremoniae.
Quelles sont les qualités nécessaires à l’accompagnement des familles dans cette étape de la vie?
La capacité d’écoute bienveillante, l’empathie, le respect des croyances sont des qualités essentielles. Offrir un soutien humain en recueillant la parole des personnes endeuillées, mettre en mots les récits qui m’ont été confiés sont des tâches inhérentes à mon quotidien professionnel: cela implique à la fois une aisance et une clarté dans l’écriture et l’art oratoire.
Tailleur de pierre CFC Anciennement appelé marbrier, il est chargé de réaliser le monument funéraire et d’installer la stèle à l’endroit approprié.
Horticulteur CFC Chargé de l’aménagement et de l’entretien des espaces verts des cimetières, c’est également lui qui effectue les activités de fossoyage.
Fleuriste CFC Acteur incontournable de l’univers funéraire, son savoir-faire en matière de composition florale donne une touche raffinée à la cérémonie et prodigue indirectement un brin de réconfort.
SISP/LE/30.10.2025