Deux jeunes Romands ont inventé un stylo doté d’une IA qui détecte les fautes d’orthographe. Rencontre. (Copyright: Georges Cabrera)
Silence, on écrit… à la main. Si le geste reste éminemment intelligent, il peut aussi être «augmenté». Comment? Grâce à l’intelligence artificielle (IA).
Deux apprentis genevois, Logan Bart, dessinateur constructeur, et Max Davet, polymécanicien, ont décroché en septembre la médaille de bronze aux EntrepreneurSkills 2025 grâce à une invention inattendue: un stylo doté d’une IA qui détecte les fautes d’orthographe et classe les notes manuscrites par matières.
«Vu nos formations techniques, nous étions les seuls à pouvoir créer un objet concret. Les autres équipes présentaient surtout des applications, racontent-ils. Nous avons choisi de nous démarquer en misant sur la fabrication d’un produit.»
Pari gagnant. En deux heures, le duo formule l’idée, puis conçoit un prototype 3D et un business model répondant au défi tiré au sort: améliorer l’éducation à l’aide de l’IA (en lien avec les Objectifs de développement durable de l’ONU). Trois jours intenses à Berne, au cœur des SwissSkills, où s’affrontaient plus de 1000 apprentis. «L’expérience est inoubliable, retient Logan Bart. Nous avons rencontré tout un réseau de jeunes et de coaches qui avaient envie de transmettre leur expérience et astuces.»
Pour Tim Coutherez, maître adjoint au Centre de formation professionnelle technique (CFPT) à Genève et responsable des EntrepreneurSkills, «c’est le premier duo romand à monter sur le podium! Une démonstration que l’entrepreneuriat ne se limite pas aux start-up académiques. La majorité des entreprises (restaurants, commerces, garages) sont portées par des personnes issues de la formation professionnelle. Et ces compétences développent les soft skills, la créativité et l’esprit d’équipe.»
«Les EntrepreneurSkills nous ont appris à oser, à collaborer, à convaincre, à croire à nos idées», résument les deux jeunes lauréats, qui ne comptent pas s’arrêter là. Logan Bart poursuit son bachelor en génie mécanique à la Haute École du paysage, d’ingénierie et d’architecture (HEPIA) de Genève et fait partie du Talent Program SwissSkills. Pour sa part, Max Davet s’apprête à intégrer un bachelor en architecture dans la même école. «Ces compétences me seront utiles lors de l’ouverture de mon futur bureau d’architecte!»
Plus d’information www.entrepreneurskills.ch/fr/ et https://swiss-skills2025.ch/fr
Trois questions à Vincent Subilia, directeur général de la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève (CCIG), et président de la Chambre de commerce et d’industrie suisse (CCIS).
Pourquoi investir dans les EntrepreneurSkills?
La formation est inscrite dans l’ADN de la CCIG. Soutenir ce championnat prolonge cette mission: encourager les jeunes à développer un esprit d’entreprise, innover et prendre des risques. L’entrepreneuriat est un métier à part entière: celui de la créativité appliquée à l’action. Dans un pays alpin sans matières premières autres que la «matière grise», la Suisse a toujours dû miser sur son intelligence collective, devenant n° 1 mondial de l’innovation.
Et GenevaSkills 2029?
Une formidable vitrine pour la formation professionnelle et un coup de projecteur sur l’écosystème économique du canton. Nous ferons savoir notre savoir-faire! Ce sera l’occasion pour Genève de mettre en avant la diversité de ses pôles d’excellence et son ouverture au monde, deux valeurs profondément ancrées dans son identité. D’ailleurs, avec des produits estampillés Swiss made, ne vendons-nous pas aussi de la confiance?
La Suisse restera-t-elle leader de l’innovation?
Notre innovation repose sur un équilibre unique entre les idées prestigieuses issues des hautes écoles et une créativité plus discrète, essentielle, qui naît dans les PME. Sans oublier les incubateurs tels que Fongit ou PULSE, des HES. L’innovation peut naître autant d’un chercheur au CERN que d’un apprenti qui, en modifiant un geste, améliore le processus de production. Notre rôle est de relier ces créateurs de valeur aux acteurs qui peuvent les financer, et leur donner l’espace nécessaire pour éclore.
Office pour l’orientation, la formation professionnelle et continue (OFPC) Genève
SISP/ES/20.11.2025