Les laborantins en biologie et en chimie sont incontournables dans le monde de la recherche. Focus sur deux apprentissages. (Copyright: Iris Mizrahi)
Ils sont habillés d’une blouse, évoluent dans les arcanes des universités, des industries. Ils manipulent des micropipettes, font fonctionner des appareils de pointe comme des centrifugeuses ou des thermocycleurs. «Ils», ce sont les laborantins en biologie et en chimie. Ces spécialistes sont les grands acteurs du monde microscopique: quand les premiers aident à décrypter les mécanismes du vivant, les seconds travaillent notamment à la synthèse de molécules.
Une gamme de possibilités
«Si l’on regarde à la loupe les activités des laborantins, un éventail des possibles s’offre aux jeunes qui s’orientent vers un apprentissage de trois ans dans ce domaine, relève Vanessa Lapierre, responsable de l’Unité de formation des apprentis de l’Université de Genève (UNIGE).» Préservation des espèces végétales au Jardin botanique, travail sur des essais cliniques chez Labcorp, recherche fondamentale à l’UNIGE sont quelques exemples pour l’orientation biologie. Pour l’orientation chimie, les opportunités sont tout aussi pléthoriques: un laborantin en chimie peut oeuvrer à la synthèse des arômes artificiels pour l’entreprise Firmenich, tester la pureté des métaux chez Rolex, conduire des analyses aléatoires de la qualité de l’eau des piscines ou encore vérifier le taux de pesticides sur des fruits et légumes pour le Service de la consommation et des affaires vétérinaires. «Dans tous les cas, nous attendons des apprentis d’avoir un esprit logique, une inclination pour les sciences et, bien sûr, d’être rigoureux et méthodiques, condition sine qua non pour devenir un bon laborantin», poursuit Vanessa Lapierre.
À la suite de deux stages à l’UNIGE, Lilyan Groth, apprenti laborantin en biologie de première année, se passionne pour la découverte des horizons microscopiques. «J’aime comprendre la matière et les secrets de la vie, s’enthousiasme-t-il. Mais, par conviction personnelle, je ne souhaite pas conduire des expériences sur des êtres vivants.» Le jeune homme apprécie l’ambiance du laboratoire et le travail en équipe et, par-dessus tout, le sentiment d’utilité qu’il ressent à l’idée d’être un maillon de la chaîne des activités médicales. Il travaille pour l’instant sur des tests PCR, cette technique rendue célèbre durant la période du confinement qui consiste à amplifier l’ADN afin de dépister des maladies infectieuses ou à diagnostiquer des anomalies génétiques. «Malgré les protocoles, une expérience ne se déroule jamais de la même manière, c’est vraiment passionnant et varié!» note le jeune homme muni de sa micropipette, prolongement bientôt naturel de son bras.
Un but, le diagnostic
C’est la chimie qui intéresse Leila Benohoud, apprentie laborantine en chimie de troisième et dernière année au Département médecine nucléaire des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). Déjà au Collège, elle est férue de sciences. À la suite d’une expérience peu concluante à l’université, c’est naturellement qu’elle opte pour cet apprentissage, attirée également par l’aspect dual et pratique de la formation professionnelle initiale. En salle blanche, sous une hotte à flux laminaires et munie de gants stériles, Leila précise: «Mes activités portent aussi bien sur la production de médicaments que sur le contrôle qualité des produits radioactifs injectés aux patients dans le cadre d’examens comme la scintigraphie. En effet, avant d’être injectée, une solution est vérifiée dans sa pureté: plus c’est pur, meilleures seront les images et plus précis sera le diagnostic.» Après son CFC, elle aspire à intégrer la formation en chimie analytique et bioanalytique à la Haute École spécialisée (HES) du Valais «Pour continuer d’apprendre et de comprendre au-delà des apparences.»
«Le TAB est un métier d’avenir en constante évolution»
Trois questions à Murielle Gaudin, doyenne de l’École des métiers du laboratoire à Genève.
Pourriez-vous brièvement présenter le métier de technicienne en analyses biomédicales (TAB)? Une TAB est une intervenante incontournable dans l’évaluation de la santé des patients. Elle participe à l’orientation au diagnostic, au choix du traitement et à l’évolution d’une maladie au travers d’analyses biomédicales. En effet, entre 60 et 70% des décisions cliniques sont prises grâce à des analyses réalisées par ces techniciennes. Une TAB travaille en équipe avec ses pairs, des biologistes et des médecins. Elle évolue dans un milieu exigeant, avec des cadences rythmées, des horaires irréguliers (un labo est ouvert 24 h/24 et 7 j/7). Toutefois, ce métier sans routine est passionnant, les découvertes médicales, les évolutions techniques et technologiques invitant à être à la pointe et mettre à jour ses connaissances.
Comment accéder à l’École des techniciens en analyses biomédicales (Eclab)? Un jeune qui a envie de prendre des responsabilités et de travailler au coeur du diagnostic, à la croisée de la médecine et du thérapeutique, peut prétendre à l’Eclab. Pour accéder à cette formation supérieure en trois ans, il faut avoir soit un CFC de laborantin en biologie, soit un certificat ECG (ndlr: école de culture générale) santé, ou encore une maturité fédérale. Ce cursus est exigeant, il combine praticité et réflexivité.
Quels débouchés à l’issue de ce cursus? C’est un métier à haut potentiel d’insertion, les analyses sont en plein boom. La médecine est de plus en plus dans la prévention, l’anticipation et le pronostic: le TAB est donc un métier d’avenir en constante évolution.
Plus d’information: https://www.orientation.ch/
SISP/PB/11.12.2025