Techniscéniste: le couteau suisse du spectacle
Le CFC de techniscéniste requiert de multiples compétences et l’esprit d’équipe. Rencontre avec un duo d’apprentis romands.
Lorsqu’ils se lancent tous deux dans l’apprentissage de techniscéniste, les Genevois Charlotte-Prune Rychner, âgée de 24 ans, et Luis Henkes, 23 ans, ont en commun un attrait pour le domaine artistique, des proches dans le milieu du spectacle, quelques stages dans des théâtres et une envie: rejoindre l’envers du décor. Son, lumière, vidéo, installation du matériel, construction de décors, machinerie… le champ d’action est vaste pour mettre la technique au service d’un spectacle. Si Charlotte-Prune Rychner et Luis Henkes, en dernière année de formation, ont chacun leur domaine de prédilection, c’est avant tout l’aspect polyvalent de la profession qui les a séduits. «On a une vision d’ensemble sur les moyens techniques et on acquiert l’art de la débrouille. On est un peu les couteaux suisses du spectacle!»
Faire face aux imprévus
Ces quatre années d’apprentissage ont été riches en rebondissements pour le binôme. «Le Théâtre de Carouge (GE) était en plein déménagement à cette période. Mais c’était une chance d’avoir vécu l’expérience de l’intérieur, racontent les apprentis. On a découvert deux manières très différentes de travailler, en fonction des lieux, de leurs aménagements et des contraintes spécifiques. On a aussi expérimenté le travail en extérieur lors de tournées en camion-théâtre, en collaboration avec des équipes vaudoises.» S’adapter, trouver des solutions et faire face aux imprévus, tel est le quotidien de tout techniscéniste.
Même en temps de crise
La crise sanitaire, qui a débuté au milieu de la première année de leur formation, a apporté son lot d’incertitudes. Les apprentis se souviennent que plusieurs de leurs camarades ont eu peur de perdre leur place. Un module de six mois de cours pratiques est alors proposé au sein d’un centre de formation éphémère, avec des ateliers très concrets, des professionnels à disposition et du matériel spécifique. «C’était l’occasion de découvrir une nouvelle facette du métier et de rencontrer les autres apprentis. C’est important car ce sont nos futurs collègues», relève Charlotte-Prune Rychner.
Des envies d’émancipation
S’ils soulignent la qualité de l’accompagnement à Carouge, les futurs diplômés se réjouissent de découvrir bientôt de nouveaux horizons. «On est vraiment bien ici, c’est un peu notre deuxième maison et on sait qu’on sera toujours les bienvenus», affirme Luis Henkes. Il souhaite toutefois peaufiner son expérience auprès de diverses compagnies, puis envisage une poursuite d’études à l’étranger pour se spécialiser en création lumière. Les domaines de la construction de décors et de la machinerie théâtrale quant à eux Charlotte-Prune Rychner, qui a déjà reçu quelques propositions d’engagements pour la saison prochaine.
«La formation m’a fait découvrir les différents métiers du spectacle»
Carole Martin, 31 ans, a fait partie de la 2e volée de techniscénistes de 2012 à 2016 après un passage par le gymnase. Formée au Théâtre de Beausobre à Morges (VD), elle se souvient: «Comme c’est un lieu avec une programmation très variée, j’y ai vraiment découvert beaucoup d’aspects du métier.» Une fois son CFC en poche, elle n’a eu aucune difficulté à trouver du travail. Quelques CV envoyés aux différents théâtres de la région ont suffi à décrocher ses premiers contrats d’auxiliaire sur appel, qu’elle complète aujourd’hui par des tournées comme indépendante pour des compagnies et une place fixe à 30% dans une boîte de production. «J’aime varier les types de contrats et les dynamiques de travail. La formation de techniscéniste m’a fait découvrir les différents métiers du spectacle. C’est très important d’avoir une formation de base dans tous les domaines.» De plus en plus de jeunes femmes sont séduites par les métiers de la technique et Carole Martin en est ravie. «Au début de ma première année, nous n’étions que trois filles dans une classe de vingt. Mais heureusement, les conditions et les mentalités évoluent. Même si ces métiers restent physiques, la technologie est à la pointe et le matériel moins lourd qu’autrefois».
Un Zoom Métiers consacré aux métiers du théâtre aura lieu le mercredi 10 mai 2023 au Théâtre de Carouge (GE), de 14 h à 16 h.
Infos www.citedesmetiers.ch, sous la rubrique «Événements».
SISP/AJA/4.5.2023
